Tel était l’état que, voilà quinze ans, le Bâtonnier Michel BENICHOU, ancien Président du CNB, prédisait aux avocats.
Trois ans plus tard, c’est l’un de nos Bâtonniers qui s'émouvait du diktat que préfigurait le rapport « sérénité et qualité de la justice devant la Cour d’appel » remis au Garde des Sceaux par Monsieur Jean-Claude MAGENDIE, alors 1er Président de la Cour d’appel de PARIS : calibrage des écritures, imposition d’une police, disparition du dossier de plaidoiries au profit de cotes dites « génériques » (une cote « doctrine », une cote « jurisprudence » et une cote « pièces », et dans l’ordre s’il vous plait !)…
« Notre plume devient serve », disait-il ajoutant « et bientôt l’on ne nous consentira plus qu’un retour de formulaire dont il nous aura fallu cocher les cases ».
Et bien, nous y voilà. Nous ne cochons pas, nous cliquons ! Et nous cliquons en silence puisque l’heure est venue de la procédure « sans audience », avec ou sans l’accord des avocats.
Et tout cela au nom de la « rentabilité » et plus récemment au nom de la nécessité d’« apurer les stocks » (dommages collatéraux de la Covid nous dit-on).
Qu’on ne se méprenne pas : il ne s’agit pas ici de nier les bienfaits de la communication électronique mais efficacité n’est pas synonyme d’uniformité, concision ne signifie pas formatage et la rationalisation n’est pas la normalisation.
Les avocats sont des passeurs d’hommes, ils ont pour mission de porter leur voix en toute liberté, en toute indépendance. On ne saurait donc les museler de quelque manière que ce soit et pour quelque raison que ce soit, sauf à trahir la Justice.