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A la rencontre de Christian Guémy dit "C215", artiste de rue

C215 2 300Question : Tout d'abord, et pardon par cette curiosité enfantine, pourquoi ce pseudonyme de « C215 » ?

Christian GUEMY : C'est venu par hasard alors que je me cherchais un pseudonyme de poète pour mon premier projet qui rassemblait autant d'artistes que de poèmes dans un recueil où chacun de mes poèmes était illustré par des artistes différents, en 2005. Nombre d'entre eux venaient de l'art urbain. J'ai aimé les sonorités de C215, puis j'ai joué sur la multiplicité d'interprétations possibles. Mais cela ne signifie rien. Ce sont des sons et un monogramme.

Question : Vous êtes aujourd'hui l'un des artistes urbains pochoiristes les plus connus sur la scène du « street art » internationale. Nous diriez-vous comment alors que vos études vous ont conduit vers l'histoire de l'art et une vision académique de la peinture, vous en êtes venu à la peinture de rue ?

C.G : J'ai eu plusieurs vies, comme on le dit pour les chats. J'ai tenté d inclure la somme des mes expériences dans mon travail : une enfance immergée dans le monde de la nuit, des discothèques, une adolescence dans les « rave party » improvisées, puis un solide quadruple cursus universitaire en langues, en histoire et en histoire de l'art et une certaine expérience des expéditions commerciales en tant qu'ancien responsable export de tissus de luxe. Cela donne quelque chose qui est à la fois savant et populaire, commercial parfois , bénévole souvent, en particulier pour l'engagement.

Question : On dit, et l'on a raison, que votre style est unique, qu'il va « de la bichromie aux compositions colorées ». Comment le définiriez-vous ?

C.G : Une dose variable entre l'abstrait et le figuratif, des détails de plus en plus nombreux, eux mêmes abstraits et par effet optique figuratifs lorsque l'on s’ éloigne de l'œuvre. Quelques automatismes ont fini par faire signature, complétés par mon logo si bien que l'on reconnaît facilement les œuvres que je laisse derrière moi, et d'assez loin…

Question : Vous œuvrez sur tous supports, le plus souvent sur les murs de nos villes de sorte que vos œuvres ne peuvent être qu'éphémères. Ce côté éphémère ne vous questionne-t-il pas ?

C.G : Il en va des œuvres comme de nos vies... leur poésie est liée à leur effacement et à leur fragilité. Que restera-t-il de ce que nous sommes? On semble bien peu de choses et l'avenir est bien incertain.

Question : Votre succès est tel que vous êtes désormais l'objet de commandes publiques auxquelles d’ailleurs vous répondez. Diriez-vous que cette reconnaissance institutionnelle pourrait être de nature à remettre en cause aux yeux du public votre engagement ?

CG : Les murs bien sûr permettent de s'adresser directement au public sans médiation. Mais cette absence de médiation est parfois pénalisante, surtout si l'on veut réaliser plusieurs œuvres élaborées, riches de sens et qui interagissent entre elles. Le musée permet cela. Et il permet de réaliser des œuvres dont l'artiste ne se pose pas la question de leur commercialisation, ce qui permet de plaire ou déplaire. La rue est beaucoup plus normative qu'il n'y paraît. Ce qui compte c’est de ne pas aller là où l'on est attendu. En cela les prisons ont été mon eldorado. J'ai peint dans plus de vingt-cinq prisons et c'est je crois la partie de mon travail qui m'intéresse le plus...


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