Retour sur les 20 ans de l'AJFB
Le 18 octobre dernier, l'Association des avocats et juristes Franco-Berbères fêtait ses 20 ans. Avocate à Vincennes et présidente de l'association, Dalila Ahmedi revient sur les ambitions de cette initiative consacrée à l'accès au droit dans les quartiers difficiles.
Quel constat a motivé la création de l'association ?
Nous sommes partis du constat que face aux difficultés de certains quartiers, il fallait se déplacer dans les zones où le droit n'est ni connu, ni respecté. Nos premières actions ont porté sur des élèves scolarisés dans des zones d'éducation prioritaires (ZEP). Nous souhaitons qu'ils aient toutes les chances de devenir les citoyens de demain, et c'est pourquoi nous abordons avec eux des notions comme l'autorité parentale, ou le droit des mineurs. Pour aller au plus près des personnes en difficulté, nous proposons aussi des consultations juridiques gratuites dans les Maisons de Justice et du Droit et autres lieux de proximité sur Paris et en Seine-Saint-Denis.
Comment a évolué votre action ?
Nous nous sommes ensuite interrogés sur le rôle des parents. Parfois en situation de grande précarité, ceux-ci ne comprennent pas forcément le sens de l'autorité parentale en France. Nous organisons donc des petits déjeuners avec des parents d'élèves, le samedi matin, dans les établissements scolaires. L'objectif est de redonner du sens à l'action éducative des parents et les aider à remettre un pied dans les établissements scolaires, car eux ont souvent l'impression qu'ils sont dans une zone de non droit. Nous avons, à titre d'exemple, mené une action et obtenu de bons résultats au Collège Jorissen de Drancy (93), où les parents participent maintenant à la vie de l'établissement et massivement aux élections de parents d'élèves.
Qu'apportent les avocats à ces publics en difficulté ?
La robe de l'avocat impressionne toujours. Nous intervenons directement devant des élèves pour présenter notre métier. C'est l'occasion de leur montrer que l'on peut être d'origine étrangère, de condition sociale modeste, et être capable de dépasser le plafond de verre. Nous les emmenons également avec nous au Palais de justice. Là, ils sont directement confrontés aux conséquences de la violence et aux sanctions pénales qui peuvent en découler. L'objectif est de créer un effet miroir sur eux et de les faire sortir de leur milieu pour en découvrir un qu'ils ne connaissent pas.
Pourquoi intervenir auprès de la jeunesse en priorité ?
Dans leurs quartiers, ils n'ont pas forcément accès à un réseau qui leur permettra de s'insérer ensuite dans la société. Porter l'accès au droit, c'est leur ouvrir des portes et les inciter à se dépasser. Cela les responsabilise, et leur fait prendre conscience qu'ils ont des droits. Nous souhaitons faire émerger les citoyens de demain, ceux qui pourront s'investir dans la vie associative, dans leur commune... Nous souhaitons contribuer à en faire des citoyens de demain.
Votre action est-elle amenée à s'inscrire dans la durée ?
Face au retrait des pouvoirs publics, les associations de proximité permettent plus que jamais d'apporter plus de sécurité. Nous sommes surchargés car de plus en plus sollicités par nos différents partenaires. Nous intervenons soit pour résoudre des situations d'urgence, soit pour mener des actions inscrites dans la durée. Mais cela ne nous empêche pas de monter de nouvelles opérations, comme la mise en place de points d'écoute pour les femmes victimes de violence.
Retrouvez plus d'infos sur : www.ajfb.fr