Ciel d'orage sur notre état de droit !
Depuis trop longtemps déjà l’opinion publique s’immisce avec virulence dans les procès, faisant fi du Droit qui réglemente les rapports économiques et sociaux et garantit les droits de nos concitoyens. Cette fièvre gagne et l’on se souvient qu’au printemps dernier, auditionné par la commission d’enquête sénatoriale sur l’impact du narcotrafic en France et les mesures à prendre pour y remédier, un magistrat n’avait pas hésité à fustiger les avocats, dénonçant « leur remise en cause permanente et dilatoire des actes accomplis par une défense non constructive (…) et l’usage de stratagèmes pour obtenir au final des remises en liberté de délinquants ».
Le pire n’est jamais sûr et voilà qu’aujourd’hui c’est un membre du pouvoir exécutif, et non des moindres puisqu’il s’agit du Garde des sceaux Gérard DARMANIN, qui s’avise de mettre en accusation les avocats « qui embolisent le processus judiciaire (…) et ne travaille pas à l’innocence leurs clients ». Son collègue de l’Intérieur n’est pas en reste qui vient de déclarer sur les antennes de France 2 que « la dissimulation de certaines techniques d’enquête était justifiée par le caractère mal intentionné de certains avocats qui défendent les mafieux ».
Et que dire de la parution le 30 janvier d’une enquête, ou prétendue telle, réalisée par la magazine « FRONTIERES » dans laquelle des avocats certes mais aussi des magistrats et des justiciables sont nominativement dénoncés comme étant « les coupables de l’invasion migratoire » ?
Des nuages noirs s’avancent au ciel de notre pays et le temps est à l’orage. Non Messieurs, les avocats ne sont pas les complices des mafieux ! Non, ils ne contribuent pas à leur prospérité ! Non, ils ne sont en rien coupables de la présence sur le territoire de tant de migrants politiques ou économiques ! Ils se contentent, et c’est leur honneur, d’exercer pleinement leur ministère en s’assurant de la régularité des procédures dans lesquelles ils interviennent et du respect des libertés et droits fondamentaux que notre Etat de Droit doit garantir à tous !
C’est ce que le conseil de l’Ordre du barreau a exprimé haut et fort dans les deux motions qu’il a adoptées à l’unanimité en ses séances les 30 et 31 janvier et qui doivent être entendues tant le danger est là .