Condamnée à treize ans et six mois d’emprisonnement, harcelée, battue, notre consoeur Ebru TIMTIK est décédée le 28 août dernier après deux cent trente huit jours d’une grève de la faim entamée pour tenter d’obtenir un « procès équitable ».
Son crime ? Avoir défendu des personnes soupçonnées d’actes de terrorisme !
Sa mort aura toutefois convaincu les autorités de permettre l’hospitalisation de notre confrère Aytac UNSAL, condamné avec elle à dix ans d’emprisonnement pour un motif semblable et qui lui aussi avait entrepris une grève de la faim.
Qu’adviendra-t-il demain du barreau d’ISTANBUL et de son Bâtonnier, tous deux objets d’une plainte du Ministre de l’Intérieur turc pour avoir affiché le portrait d’Ebru sur la façade des locaux de l’Ordre et s’être ainsi rendus coupables d’« apologie du terrorisme » ?
Confrères et amis, il est des pays où il ne fait pas bon être avocat, des pays où exercer la Défense… tue !
« Face à l’injustice, il n’est que deux chemins : celui de l’indifférence ou celui de l’indignation. L’un est une soumission, l’autre est un combat » (*)
Amis et confrères, continuons leur combat !
(*) d’après Loïc SCHNEIDER.
Leur crime ? Avoir défendu l’existence des droits de l’homme et de la Justice !
Les avocats val-de-marnais soutiennent leurs confrères d’armes.
Et vous ?...
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Madame Gisèle HALIMI (on n’ose dire « notre consoeur » tant la femme était grande) vient de nous quitter, emportant avec elle un peu de l’âme des avocats.
Avocate engagée, guerrière insatiable luttant contre la torture et défendant les militants FLN, combattante infatigable pour la cause des femmes ouvrant ainsi la voie à la dépénalisation de l’avortement et la criminalisation du viol, elle aura marqué le siècle de son empreinte et contribué à rendre notre société plus humaine.
On dira sans doute bien d’autres choses encore, plus belles ou plus tendres. Le Barreau quant à lui ne saurait oublier qu’elle fut la rédactrice du serment que prêtent les avocats à l’aube de leur carrière depuis près de quarante ans (et oui, quarante ans seulement…) , ce serment que l’on nomme « le serment BADINTER » puisqu’il était alors Garde des sceaux :
« Je jure comme avocat d’exercer la défense et le conseil avec dignité, conscience, indépendance et humanité » (*)
Des valeurs qu’elle incarnait et qui lui survivront à jamais.
(*)La « probité » viendra s’y ajouter huit années plus tard.
C’est avéré : celui qui, il y a quelques mois à peine, affirmait qu’il ne serait jamais Garde des sceaux parce que « trop clivant » (sic), notre confrère Eric DUPONT-MORETTI, vient de se voir remettre les clés de la Place VENDÔME !
Il faudrait voir dans cette nomination, pour les uns « une main tendue aux avocats » en écho au courroux qui les a animés pendant dix longues semaines, pour les autres « une véritable déclaration de guerre aux magistrats » que l’intéressé n’a certes ménagés ni dans les prétoires, ni dans ses écrits et pas davantage dans les médias…
Ne serait-ce pas plus simplement une « nomination-paillettes », une de celles qui inquiètent parce qu’elles sont teintées des couleurs de la démagogie ?
La Justice, notre Justice, a besoin de sérénité. La Justice, c’est l’équilibre. L’avocat est terriblement médiatique, l’homme un rien bateleur. On attend du Ministre hauteur de vue, écoute, réflexion et une dose d’empathie…
Allons, ne dit-on pas que « la fonction crée l’organe » ? Puisse sa nouvelle fonction faire de notre confrère un « Garde des sceaux » !
Elizabeth MENESGUEN
(NDLR : ces propos n’engagent que leur auteur)
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